Le tri, première étape de la valorisation
Entretien avec Marc Vivien,
Vice-Président du Siom en charge du Tri
et de la Valorisation
« Une meilleure valorisation des déchets
passe par une bonne qualité du tri »
Rédaction SiomActus : « Faire du déchet une ressource » est un leitmotiv du Siom. Quelles sont les perspectives en matière de valorisation ?
Marc Vivien : Le Siom considère que le tri des déchets, donc leur valorisation, est un enjeu majeur de notre société. C’est dans cet esprit que nous sommes engagés pour faciliter et simplifier le tri de tous les emballages plastiques, par exemple.
C’est aussi en augmentant la collecte des déchets recyclables avec le dispositif d’enlèvement sur appel, à la demande, pour les encombrants et les DEEE. Ce service qui a été étendu cette année à Champlan, Gif-sur-Yvette et Saint-Rémy-Lès-Chevreuse, est opérationnel dans 12 communes*.
C’est également en investissant dans une nouvelle déchèterie avec ressourcerie sur le Plateau de Saclay, un site qui sera également ouvert aux professionnels.
S’y ajoute la perspective d’accroître la valorisation énergétique des déchets ménagers traités à l’UVE de Villejust, en optimisant le réseau chaleur du Siom. Un projet de stockage de l’énergie thermique est actuellement en cours d’étude.
Il y a aussi la valorisation des déchets organiques : en particulier celle des biodéchets qui seront collectés chez les gros producteurs de plus de 10 tonnes.
RSA : Peut-on tout valoriser ?
M.V. : Aujourd’hui tous les déchets ne sont malheureusement pas valorisables : en France 16 millions de tonnes partent à l’enfouissement. Mais l’un des objectifs de la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte mise en œuvre par la Feuille de Route pour l’Economie Circulaire est de diminuer cet enfouissement de 50% entre 2010 et 2025.
Cet objectif nécessite un investissement de 4,5 milliards d’Euros que la filière économie circulaire est prête à investir.
Pour mieux valoriser, il existe d’autres pistes. La principale est de concevoir des produits manufacturiers qui intègrent - dès leur conception - des matières premières recyclables mais aussi déjà recyclées. Vous pouvez également par une fiscalité incitative favoriser le recyclage ou, dans un esprit d’économie, introduire un haut niveau de technologie dans les centres de tri afin de diminuer les coûts de fonctionnement.
L’autre direction est la Recherche et le Développement pour trouver de nouvelles solutions de transformation de matériaux qui jusqu’alors n’étaient pas recyclables. Il existe par exemple maintenant, un béton alternatif fabriqué à partir de sédiments fluviaux, sables de fonderie et gravats de déconstruction.
RSA : La première condition est donc le tri…
M.V. : Oui, c’est l’étape préliminaire essentielle. Une meilleure valorisation des déchets passe nécessairement par une bonne qualité du tri, il est donc important pour le Siom de le faciliter. Cela implique de faire régulièrement des campagnes de communication pour rappeler les consignes de tri, de mettre en place, dans les écoles, des ateliers de sensibilisation à destination de nos jeunes concitoyens, mais aussi de mettre à disposition des habitants de nos communes les équipements adaptés aux besoins. J’en profite pour rappeler aux usagers qu’ils n’hésitent pas à contacter le Siom si leur « bac jaune déborde » du fait de la simplification des consignes de tri à tous les emballages plastiques. Les services procéderont immédiatement à son changement par un bac plus grand.
* Service opérationnel à Bures-sur-Yvette, Champlan, Gif-sur-Yvette, Gometz-le-Châtel, Igny, Orsay, Saclay, Saint-Aubin, Saint-Rémy-Lès-Chevreuse, Vauhallan, Villebon-sur-Yvette et Villiers-le-Bâcle.
« Demain, l’intelligence artificielle nous aidera
à mieux trier nos déchets. »
Carlos de los Llanos,
Directeur scientifique de Citeo
Cet ingénieur agronome de formation
a rapidement choisi la voie de la gestion des déchets, secteur
dans lequel il œuvre depuis une trentaine d’années.
L’extension du tri, la collecte, le recyclage sont des sujets quotidiens qui deviennent de plus en plus technologiques. Pour cela, il faut trouver des solutions en travaillant sur la veille et la prospective. L’optimisation des centres de tri, la recherche de nouveaux procédés pour le recyclage et de nouveaux marchés pour les matériaux recyclés. Enfin, la production d’éléments de preuve et d’études scientifiques permettent d’apporter des arguments solides pour mieux mobiliser les citoyens à trier d’avantage, un axe fort de la mission de Citeo.
Aujourd’hui, au-delà des techniques classiques, des start-up innovent dans le recyclage chimique du plastique et dans le recyclage enzymatique. Certaines sont aussi en train de concevoir des plastiques biodégradables, composés à partir de sucres ou de différentes productions végétales, qui peuvent ensuite être compostés.
La mobilisation autour du tri des plastiques est un mouvement sans précédent. Mais si la conscience collective se renforce, ce n’est pas encore une évidence pour tout le monde malgré les efforts de communication. Un exemple : on ne recycle actuellement que 57% des bouteilles d’eau en plastique, alors que 100% de ces bouteilles sont recyclables à condition de les mettre dans le bac de tri. D’où l’importance pour tous les acteurs du secteur de poursuivre les campagnes de communication et de sensibilisation.